Mastication

Par Irène Benigni, Diététicienne, spécialisée dans l’alimentation des personnes avec polyhandicap

Définition

Les troubles de la mastication sont plus fréquents chez les enfants et les adolescents en situation d’handicap mental, psychique, cognitif ou de polyhandicap.

La mastication permet de :

  • Broyer les aliments grâce aux mouvements combinés de la mâchoire, de la langue et des joues, de les homogénéiser avec la salive pour les transformer en bol alimentaire prêt à la déglutition et de réduire le risque de suffocation par obstruction des voies respiratoires.
  • Débuter la digestion de l’amidon grâce à la présence d’une enzyme dans la salive (amylase).
  • Déclencher la sécrétion des enzymes digestives.
  • Rendre accessible les nutriments aux enzymes digestives et favoriser un bon état nutritionnel.
  • Renforcer la solidité des dents.
  • Atteindre la satiété (15 à 20 minutes) en ingérant moins de calories.
  • Améliorer la digestion en réduisant les douleurs digestives (aérophagie, ballonnements, constipation).
  • Apprécier le goût des aliments (contact des molécules aromatiques avec les papilles gustatives).

La mastication d’un repas complet dure en moyenne 15 à 20 mn, en comptant en  moyenne 15/20 mastications par bouchée.

Favoriser la mastication

Il est essentiel d’observer la mastication d’un enfant.

S’il ne mâche pas suffisamment (moins de 15 mastications par bouchée), il peut y avoir différentes raisons :

Dentition

La mastication commence à partir de la présence des dents de lait vers deux ans et les molaires définitives ne poussent qu’à partir de 6 ans.

Certaines déformations de la mâchoire gênent l’enfant pour mastiquer et nécessitent un traitement par orthodontie.

Les douleurs dentaires réduisent le temps de mastication.

Il est important de veiller à une bonne hygiène bucco-dentaire et de réduire les produits sucrés, bonbons, boissons notamment.

Troubles sensoriels de l’oralité

Certains enfants, hyper-réactifs sur le plan sensoriel supportent mal certains aliments en raison de leur goût, de leur texture et de ce fait « avalent tout rond » (par évitement).

Environnement et installation à table

Un repas pris dans le calme et bien installé à table favorise une bonne mastication.

En institution, les grandes salles à manger type « cantine » sont souvent très bruyantes et les enfants y sont sensibles, particulièrement les enfants avec des troubles envahissants du développement (TED) pour lesquels des stimulations multiples et simultanées sont insupportables.

La hauteur des tables et chaises, comme à l’école, doit être adaptée à la taille des enfants. Si les pieds ne touchent pas terre, l’installation est inconfortable et l’enfant risque de manger le plus vite possible pour s’en échapper.     

De nombreux traitements médicamenteux induisent une sécheresse buccale qui gêne l’enfant pour mastiquer et ramollir le bol alimentaire. Penser à bien hydrater l’enfant avant le repas et demander conseil au médecin pour l’usage de salive artificielle.

Si l’enfant ne mâche pas, en attendant de pouvoir agir sur les causes, il est possible de proposer une alimentation moulinée ou mixée pour éviter les fausses routes accidentelles et réduire les douleurs digestives, parfois difficiles à exprimer (elles peuvent s’exprimer par des troubles du comportement). Les  injonctions de type « mâche », « attends », « pose ta fourchette »… sont à éviter afin que le repas ne devienne pas une séance de rééducation.